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Ouagadougou ... Tananarive... La Réunion
13 novembre 2006

Dimanche 12 novembre

La semaine de travail a été longue de lundi à samedi 14h. Le rythme de travail est plus lent et plus étalé dans le temps. Le temps plus informel. Le manque de moyen se traduit materiellement. Sarah travaille sur son propre ordinateur par exemple. Le courant est fluctuant. Il coupe parfois. Les connexions à internet ne sont pas instantanées. Les interlocuteurs professionnels qui ont les mêmes contraintes reportent les délais qui se répercutent d'étapes en étapes. A l'échelle des travaux du CDC, les retards successifs créent un état d'inquiétude par rapport aux objectifs à atteindre, c'est à dire sur le bon déroulement de l'inauguration qui a lieu le 16 décembre. En tant que premier équipement culturel national de cet envergure, les institutions nationales et internationales seront représentées...

C'est un état de pression qui est géré paradoxalement avec le sourire, une sorte de décontraction qui se signale par le leitmotiv "Ca va aller". Ici, la gestion de projet se concentre essentiellement sur la résolution des problèmes. Il ne s'agit pas seulement comme en France, d'associer le problème à sa solution mais d'avantage d'inventer la solution. Du coup, l'esprit de projet est très fort, quitte à être parfois très artisanal.

J'ai rencontré Ibrahima Boro, le frère de Seydou. Il est musicien de jazz mandingue. Aujourd'hui, il m'a proposé une ballade dominicale en dehors de Ouaga. Suspension du temps dans le silence et la chaleur de la brousse. Pas très loin. A seulement 35km, 1h en scooter, l'agitation urbaine disparait. L'air est sec. Le vent soulève la poussière. A midi, le soleil pique la peau. Ibrahim va chercher de l'eau pour ses ablutions avant la prière. J'entends le chant du muezzin du village où nous avons fait une pause. Nous discutons de ses projets musicaux. J'ai négocié une copie vidéo d'une répétiton de Weleeni, le spectacle de la Cie Salia ni Seydou, pour lequel il a fait la composition des musiques en échange du paiement de l'enregistrement et sa diffusion sur le blog. Il me semble que c'est équitable. Son groupe s'appelle Afrika Blues. Ibrahima compose pour le cinéma, les spectacles de danse et théatre. Il compte sortir le premier album et tourner en concert en plus des actions de sensibilisation et de formation musique et danse dans les écoles qu'ils effectuent déjà.

Nous rentrons à Ouaga en longeant le barrage, au nord de la ville. Retour progressif en milieu urbain. Là, le long du lac, l'irrigation autorise une végétation tropicale. Un tel contraste avec la sécheresse générale du paysage ! Je crois que j'aime déjà cette ville...

Mon adaptation passe par une certaine disposition à considérer que tout ce qui m'entoure est normal. C'est l'environnement habituel des gens qui m'entourent. A la nuit tombée, à 18h30, heure de pointe de la circulation ouagalaise, j'ai vu des garçons courir le long du goudron. Effluves de pots d'échappements, poussière, entraînement nocturne. C'est normal. Des jeunes vendeurs de recharges téléphones, des dépanneurs express de crevaison de motos (moto, terme générique pour tout engins motorisé à 2 roues), à chaque interseciton, à toute heure du jour et tard dans la nuit. C'est normal. Les prières collectives dans la rue, les couleurs, la chaleur. Normal comme une disposition au changement de référence, un lacher prise des résistances que peuvent occasionner des comparaisons ou le calquage d'une grille inopérante. Parce que la norme est autre, justement. Je pense que cette disposition ne m'empêche pas la mise en perspéctive. Mais ne m'y autoriserai tout doucement, progressivement, après un stockage préalable d'impressions et d'expériences.

J'ai le temps. C'est ca aussi que je savoure ici. Comme les gens disent :"y a pas de problème". Si ici, il n'y a pas de problème, alors c'est qu'il n'y a pas de problème. C'est une tautologie qui ne nie pas la rigueur du réel. Disons que le reflexe de tension, de stress, d'agitation par lequel les européens abordent les contraintes se dissipe dans un abandon des freins. Est-ce que le passage à la décision, à l'action est plus souple ? Comme les démarches d'ailleurs, les attitudes, les prises de contact. Plus circulantes. Quand un groupe de personnes est assis à l'entrée d'une cour ou dans la rue, il ne fait pas rien. Il observe le mouvement, relationne. Les temps de silence dans une conversation peuvent être très longs. Ils s'installent au rythme du rituel du thé. C'est une disposition qu fait fortement echo chez moi, comme une familiarité enfouie facilement mobilisable.

Le quartier où j'habite s'appelle Gounghin. Il correspond au secteur 9. A la fois populaire et riche en développement culturel. C'est là que sont localisés l'ATB, Atelier Théâtral du Burkina. le Rem Doogo, Maison de la musique, espace de répétition et de diffusion. Le Cartel, un collectif des 4 grandes compagnies de théâtre de Ouaga. Juste en face de chez Awa. J'y suis passée justement un soir de la semaine. C'est là que j'ai rencontré Nak, l'administrateur de l'asso. Je l'ai revu samedi soir au CCF pour une soirée reggea-ragga-soul : Lennox Linsay, Sotong Nooma, Yili Nooma. (Places assises, difficile de mettre le feu). Après la crevaison du scooter de Sarah, le constat que ne pouvais pas retirer de l'argent à une tirette avec une mastercard, nous sommes allées boire un verre à Couleur Café. Y a pas de problème. Réparation de fortune au bord de la route, à minuit par un garçon qui avait installé là un banc et une table en guise de garage équipé. Pour les retraits, carte Visa impérative ! On verra lundi...

Très beau lieu le maquis Couleur Café... Concert reggea. Seulement le lieu était plus propice à la danse que le CCF. A 1h30 sound system burkinabé. Excellent. Je dors 5 heures avant de rembaucher le lendemain.

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