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Ouagadougou ... Tananarive... La Réunion
27 avril 2007

Jeudi 26 avril 07 L’hiver austral Sur ce versant

Jeudi 26 avril 07

L’hiver austral

Sur ce versant de la planète, il fait moins chaud quand le soleil brille. Je suis seule ce soir. Le ventre noué, le souffle en suspend. Une amis est morte.

Ma première amie. Première mort de ma vie. Elle rompt une veine de son cerveau et disparaît brutalement, en plein santé, à 34 ans. Nous avons seulement un mois de différence. Et je n’ai jamais été aussi radieuse, épanouie. Plus d’espoir pour elle. Plus d’attente, plus de promesses.

Des fleurs éclatantes de bougainvilliers et de l’encens, de l’herbe et des petites fumées pour son envol.

Je ne l’avais pas vu depuis plusieurs années. Combien de paysages, de beauté de découvertes et de joies  je ne lui ai pas partagé ? Je n’aurai plus sa parallèle à l’avenir et sa présence lointaine, témoin de la route depuis 25 ans. J’ai grandi avec elle. Je connaissais certains de ses rêves. Je perds une sœur. Fidèle et attentionnée dans l’absence de toutes ces années. J’avais besoin de nos retrouvailles de loin en loin, de la reconnaissance du chemin, le rappel de l’enfance. C’était la ligne directe, la plus longue vers mes racines, l’espace le plus proche du jaillissement des possibles. Deux trajectoires du vivant, aléatoires et fatales. N’importe quand.

C’est maintenant pour elle, le fleuve qui conduit au territoire des mystères. Jamais la même eau mais toujours le même sens. Fleuve obcure. Elle a quitté la surface, elle coule dans l’obscurité des profondeurs. L’euphorie qu’on y trouve, paraît-il ne nous donne pas envie de remonter. Personne ne remonte.

Moi, je vais continuer sur le fleuve. Je ne vais plus me défendre contre le courant. Beaucoup de temps à vivre encore malgré mon sentiment d’urgence. Je n’en suis pas encore à la moitié. Pourquoi tu pars si tôt ? Quel hasard. Décidément tout est possible. La vie, la mort. Définitivement.

Au nord, une femme meurt au printemps. Et je pleure, au cœur de l’hiver, au sud baigné de lumière. Je vais la veiller tendrement toute la soirée. Elle est enterrée demain à 14H30. Douleur. Tristesse. Tristesse. Je ne me lave pas ce soir. Des fleurs, les flammes des bougies, café à la cannelle, une veillée mortuaire pour mon amie. De l’amour dont la place est encore chaude. Des fruits frais dont elle agrémente les bouquets. Une révérence pour les farces capricieuses du destin, les pieds agrippés à la terre africaine, le regard au ciel. Une prière païenne longue et personnelle, vibrante, pour elle, jusque sous les Tropiques. Elle se répand jusqu’à moi. Un tremblement d’émotions qui dilate mon cœur, à sa pensée. Elle va briller à travers moi. Elle va continuer à vivre dans mes rêves. Avant-hier, je l’ai vu tellement claire et tellement jeune. Elle va transmuer en abstraction onirique. Elle m’accompagnera désormais dans l’univers de mes nuits. Des hommes ont mangé leurs morts ou se sont recouverts de leurs cendres.

Tout peut être tellement beau.

La nuit tombe à 6h. Il fait froid.

Par la fenêtre des étoiles.

A Béatrice C. G.

Vendredi 27 avril 2007

Matin.

Rêve. Béatrice est en face de moi. Nous sommes nues toutes les deux, naturelles et sans gêne. Nous connaissons nos corps depuis que nous sommes enfants. Elle a un sexe d’homme entre les jambes, au repos. Elle me demande de lui mettre le préservatif. Son sexe est petit et tendre, il se dérobe entre mes doigts. Je reste placide, nous avons tout le temps. Je lui enveloppe la verge de caoutchouc, délicatement, habillement, je presse le capuchon pour expulser l’air, que la membrane adhère contre le gland. Je l’enfile jusqu’au bout et je repose son sexe comme un cadeau bien empaqueté, un présent. On ne met pas un préservatif sur un sexe qui n’est pas en erection. « On ne m’a jamais mis un préservatif de cette manière » me dit-elle étonnée en souriant.

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Commentaires
C
Il a raison, continues, c'est trés beau, émouvant, important...<br /> Vu d'ici, tu grandies à vu de nez et c'est beau, émouvant...merci.
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